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L'expressionnisme moderne 

 

Paul Rousteau fait partie de ceux pour qui la vision d’un corps au soleil ou le rire d’un enfant inspire encore. Mode, voyage, still life, ce photographe polyvalent dépose sa signature originale sur des créations à la fois hautes en couleurs et délicates.

Bien loin de l’abondance visuelle des réseaux sociaux, il nous parle de la richesse des couleurs, de spiritualité et de simplicité. Comme un retour aux sources.

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Juliette Weiss : Le style Paul Rousteau, c’est quoi ?
Paul Rousteau : C’est avant tout la couleur. C’est mon émotion première. Ensuite, je dirais que je fais des recherches et des expérimentations visuelles afin de montrer les réels sous d’autres angles.

Juliette : Un photographe que vous admirez ?
Paul : J’ai découvert récemment le photographe Paul Outerbridge, qui est vieux d’un siècle. J’aime beaucoup ses nus, ses nature-mortes, inspirés par l’avant garde d’alors. Ses images paraissent extrêmement simples mais elles ont une réelle force !

Juliette : Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
Paul : L’émotion que me procure la vision d’un beau paysage, d’un corps au soleil, la joie d’un rire d’enfant. Je tente de restituer ces plaisirs dans mes images. Que mes images soient à la hauteur de ces émotions. C’est difficile...

Juliette : Décrivez nous votre processus créatif ...
Paul : Il y a beaucoup de portes d’entrées à la création mais le point de départ est souvent un sujet que j’aime regarder, qui m’apporte un « bonheur visuel ». Ensuite, je tourne autour de cette chose a n de trouver le meilleur angle, la plus belle lumière. Ensuite, je provoque le hasard car celui-ci fait très bien les choses, afin de surprendre et voir sous un autre angle ce que j’ai construit et vu.

Juliette : Les couleurs sont très présentes dans vos œuvres : Pourquoi un tel choix chroma- tique ?
Paul : C’est un choix de cœur et pas un choix de raison. La couleur, c’est la première chose que je vois. L’exploration de ces nuances est sans fin.

Juliette : Vous mêlez le mouvement au statique. Pourquoi ce choix esthétique ?
Paul : Car j’aime le mystère, les choses en mutation, l’évolution. Tout bouge et tout est mou- vement dans l’univers non ?

Juliette : Que souhaitez-vous transmettre via les portraits ?
Paul : Montrer ce qui est invisible: l’âme, la psychologie, la spiritualité.

Juliette : Comment aimeriez-vous évoluer ?


Paul : J’aimerais muter en fleur blanche. Je pousserais sur une belle montagne et j’aurais vue sur la mer et des belles copines multicolores. Ou bien être un artiste à la mode, avec un compte Instagram à 2 millions de followers, exposé a travers le monde entier. Mais c’est moins romantique non ?

Juliette : Des projets à venir ?
Paul : La sortie de mon livre sur Genève avec Louis Vuitton, à la fin de l’année. Une exposition au Japon et en Suisse à l’automne prochain.

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LE FESTIVAL DE HYÈRES, SOUTIEN INDISPENSABLE DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION (2018)

Roulement de tambour…

 

Au terme d’une réflexion ardue, menée par un jury des plus éclectiques composé d’experts internationaux (Farida Khelfa , Ben Gorham ou encore Lou Doillon, entre autres) et présidé par Haider Ackermann, le premier prix a été décerné au tandem Néerlandais Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh de la marque Botter.

Quoique prévisible, l’influence du streetwear et de la tendance unisexe/nogender aura fortement donné le ton de cette sélection 2018. Preuve en est avec les gagnants, qui proposent un vestiaire résolument actuel : Leur collection masculine « Fish or Fight » est un mélange audacieux de tailoring déstructuré, de pop culture et d’altermondialisme fashion. Origines Caribéennes obligent, les chapeaux de paille traditionnels, côtoient les produits logotypés poussés à leur paroxysme. On retiendra également la facétieuse bouée dauphin en guise de couvre chef dénonçant la pêche à outrance. Une mode engagée qui puise sa force dans le duo que forment ces deux designers aux influences multiples. En bref, une collection résolument dans l’air du temps.

Selon Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton du groupe LVMH, partenaire privé du festival depuis 20 ans, « les nominés de cette année sont en phase avec les courants actuels de la mode : le streetwear poursuit sa percée et se diffuse dans une garde robe qui se joue des genres, empruntant autant au vestiaire masculin que féminin»
Les 10 finalistes, parmi lesquels Ela Fidalgo (Espagne), Rushemy Botter (Pays-Bas), Ester Manas (France), Jef Montes (Pays-Bas), Regina Weber (Allemagne), Anna Isoniemi (Finlande), Sarah Bruylant (Belgique), Linda Kokkonen (Finlande), Marie-Eve Lecavalier (Canada) et Antonia Sedakova (Russie) nous ont prouvé qu’il ne suffit plus seulement d’être créatif mais également d’inscrire sa démarche artistique dans un projet précis et engagé.

La conclusion ? Une trente troisième édition de qualité, surprenante, et qui prouve que la nouvelle génération n‘a rien à envier aux précédentes.


À l’année prochaine…

MARTIN MARGIELA ET LES ANNÉES HERMÈS

Son visage est inconnu du grand public mais pourtant son nom est sur toutes les lèvres. Avec une exposition au musée des Arts Décoratifs sur son travail au sein de la maison Hermès ainsi qu’une rétrospective au Palais Galliera. D’habitude si mystérieux, Martin Margiela se dévoile et nous livre sa vision et son parcours. C’est la première fois que le Musée des Arts Décoratifs s’intéresse à un fait majeur de l’histoire de la mode, quand un créateur se dédouble entre sa collaboration pour d’autres Maisons et la sienne. Au programme, un parcours comprenant 100 silhouettes accessoirisées, mélangeant vidéos et photographies , retraçant le travail du créateur belge alors à la direction artistique d’une des marques de luxe les plus emblématiques au monde. Guidé par Marie Sophie Carron de la Carrière, commissaire d’exposition, on y découvre le processus créatif de celui qui a marqué l’univers de la mode. La direction artistique de l’exposition est assurée par Margiela lui-même, et la scénographie par Bob Verhelst à l’image du duo. Contraste frappant entre le orange profond, caractéristique d’Hermès et ce fameux « blanc de Meudon » signature de Martin Margiela. Le couple terrible: une maison réputée pour son classicisme stylistique héréditaire, confiant son ADN à un créateur à contre courant des standards de la mode, et peu connu à l’époque. Le risque est grand. Et pourtant, le résultat est le mélange parfait de deux univers distincts, trouvant écho dans un rythme et un processus de création abouti. Il s’éloigne de l’univers coloré d’Hermès et impose une vision mêlant confort, intemporalité et authenticité. Des pièces iconiques, aux prototypes, en passant par les croquis des modélistes, le travail de rétrospective est époustouflant. Il ne s’agit pas ici d’exposer de façon superficielle des silhouettes signées Margiela pour Hermès, mais d’explorer profondément le parcours artistique de l’un des créateurs les plus marquants de notre siècle : Novateur, conceptuel et subversif, Martin Margiela a bel et bien remis en cause le système de la mode dès les années 1980. Un singulier pluriel.

L'APOGEE DU STREETWEAR

Longtemps réservée à une minorité, mal considérée, voire complètement reniée par l’industrie de la mode, la tendance streetwear est désormais un incontournable.

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Logos, sneakers, sacs bananes.... Sur les dé lés, le constat est le même : la mode est définitivement dans la rue. Et cette rue en question semble avoir des codes identiques que l’on soit à New York, Paris ou Londres. Alors, changement d’époque, pression commerciale ou simple revival tendance ?

Tout semble avoir commencé avec Demna Gvasalia ou encore Gosha Rubchinskiy. Des marques émergentes, dirigées par des inconnus, qui réinventent les codes actuels de la mode. Ca sonne bien, et ça marche. Dé lés dans des lieux improbables, mélange de reven- dication politique, d’inspiration pop culture, les cartes sont redistribuées. Aujourd’hui ils ne sont plus seuls et on voit eurir des marques à L’ADN street revendiqué. Etudes, GmbH , Andrea Crews... Un style recherché et fonctionnel, puisant aussi bien son inspiration dans la « young culture » que chez les grands designers.

À grands coups de plans marketing et d’égéries millennial aux millions de followers, la ten- dance « contreculture » explose. Et le dernier « mercato fashion » nous le confirme.
Louis Vuitton, fleuron du luxe et de la tradition française, nomme à la tête de ses collections hommes Virgil Abloh. DJ, conseiller artistique de Kanye West, et surtout créateur de OFF WHITE, marque streetwear par excellence. Les ux créatifs ne sont plus à sens unique et les frontières de la mode ne semblent plus nécessaires.

Autre domaine où cette tendance est devenue reine : les prestigieux concours de mode. Cette année, pour caresser l’espoir d’être retenu (ou au moins de faire parler de soi) il fallait indé- niablement surfer sur le streetwear et/ou le No-Gender. Un changement d’époque portant avec lui une volonté profonde de renouveau. L’identité individuelle, sociale et sexuelle est en perpétuelle évolution et la mode l’a bien compris. Cependant un doute persiste : À force de voir des collections similaires et où chacun essaie d’être le plus transgressif possible, sans que cela s’inscrive forcement dans un processus de création, on a l’impression d’assister à une apologie du néant. Le chic et l’élégance ne font plus vendre. Yeezy et hoodie, plutôt que high heels et tailleur. Ne pas suivre les codes établis de l’industrie, les détourner, rejeter le fast retail, jouer sur les codes de la pop culture, pourquoi pas !
Cependant le malaise survient lorsque cette tendance devient « la vache à lait » de beaucoup de marques de luxe. On se retrouve alors rattrapé par le système. Di cile de prôner la réalité quand on met en vente un maillot de foot monogrammé à 600 euros.

Lorsque Delphine Arnault, initiatrice du prix LVMH, en évoquant le fameux concours de mode, affirme qu’au delà du concept, il est important que la marque ait déjà un réel aspect commercial. Une dissidence quelque peu hypocrite.« Il ne s’agit pas de créer un conte de fée, ce n’est pas la réalité », déclarait Demna Gvasalia à B.O.F au sujet de ses collections. En espérant que cette sincérité perdure et ne soit pas simplement un caprice artistique et commercial.

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